Le très futé inspecteur métis Napoléon Bonaparte se voit confier la mission de dénicher un “terrier” de criminels. Son poète de supérieur croit l’avoir localisé en Nouvelle Galles du Sud, la plus belle province d’Australie, à Cork Valley. Pour cela, Bony se fait passer pour un vulgaire voleur de chevaux et réussit ainsi à entrer en contact avec une communauté d’Irlandais dominée par le clan des Kelly, visiblement réfractaire à tout ce qui représente la loi. En guise d’approche, Bony se fait tout d’abord embaucher comme arracheur de patates chez les Conway, une famille voisine. Et l’inspecteur commence à trouver fort aimable sa nouvelle vie au grand air : l’infiltration est presque trop réussie…

Quel joli choc de cultures ! Entre le policier métis d’Aborigène et d’Anglais et les immigrés de la verte Erin admirateurs de Ned Kelly, un des plus grands bandits historiques d’Australie, les esprits rebelles se rencontrent. Les moments les plus savoureux du texte sont peut-être ces dialogues où l’on échange sur les us et coutumes respectifs des deux peuples. Comme le héros-culte, on n’en n’oublierait presque l’enquête, pourtant de fort bon aloi comme c’était déjà le cas par exemple dans Un Écrivain mord la poussière. Bonaparte est toujours aussi parfait dans son approche de l’environnement (splendides descriptions de paysages) et des joies et tourments des hommes. Considéré comme le créateur du polar ethnologique, Upfield exploite à fond le formidable humour et surtout la dualité nature-culture de son génial personnage. À savourer lentement pourtant, car la réserve s’épuise : Upfield est décédé en 1964 et seuls quatre de ses trente romans n’ont pas encore été traduits en français.