#OuiLesTempsChangent.
C’est le slogan de campagne de Sandrine Rousseau, arrivée seconde à la primaire des écologistes. S’il y a bien une chose qui ne change pas, en revanche, c’est le sexisme à l’égard des femmes politiques. Que l’on adhère ou pas à la proposition de Sandrine Rousseau – là n’est pas la question –, il est difficile de ne pas relever la violence avec laquelle elle a été traitée dès lors qu’elle est devenue une candidate de poids dans cette primaire. Cyberharcèlement, déversement de haine, petites phrases sorties de leur contexte… Et bien sûr, le fameux procès en incompétence. Celui-ci est, depuis toujours, le privilège des femmes. Ségolène Royal et Eva Joly en ont fait les frais en leurs temps. Bah oui, parce que les gonzesses, c’est mignon à vouloir faire de la politique, mais quand il s’agit de porter des trucs lourds – comme dirait OSS 117 –, genre briguer une fonction présidentielle, ça commence à bien faire glousser tout le monde. C’est bien connu, seuls les hommes ont la « carrure » pour ce genre de poste. Les épaules larges, ça rassure, quand même. Marrant, le « manque de carrure » face au duel annoncé entre Yannick Jadot et Éric Piolle, c’est précisément ce qu’on lui a renvoyé au visage, à cette frêle et fragile Sandrine, avant qu’elle décroche son ticket pour le second tour. L’écervelée, la folle qui fume la moquette, la délirante, l’écolodingo. Autant de charmants noms d’oiseaux dont on l’a affublée. Le ministre de l’Intérieur lui-même, Gérald Darmanin, a ajouté sa pierre à l’édifice, sur France Inter, en répondant à une question sur les accusations de viol le concernant évoquées par la candidate lors d’un débat : « Madame Rousseau fait rire à ses dépens, je ne vais pas en rajouter. »
Petit rappel des faits : Ségolène Royal est énarque et avait été trois fois ministre avant de se présenter à la présidentielle de 2007. Eva Joly avait été magistrate et juge d’instruction avant de se lancer en 2012. Sandrine Rousseau est vice-présidente de l’université de Lille et maîtresse de conférences en économie. Elle a eu le courage, en 2016, avec sept autres femmes, d’accuser Denis Baupin d’agressions sexuelles. Et c’était avant #MeToo. Elle a été secrétaire nationale adjointe d’Europe Écologie-Les Verts. Alors il serait peut-être temps, en 2021, d’arrêter de mépriser les femmes dès lors qu’elles viennent challenger les hommes sur leur terrain, apparemment chasse gardée. À ce jour, on n’a encore vu personne traiter Emmanuel Macron, Éric Zemmour ou Xavier Bertrand d’idiots du village. Ni remettre en question leur légitimité. Et pourtant…