Description

Synopsis

Les lendemains de la déclaration d’indépendance dans une île des Caraïbes qui pourrait bien être la Jamaïque : des lendemains qui ne chantent pas. L’île, soumise à l’exploitation néocolonialiste, vit dans une pauvreté voisine de la misère; et les révoltes populaires contre la nouvelle bourgeoisie sont aussitôt réprimées. Ceux qui avaient rêvé de liberté et de justice se retrouvent impuissants et amers. Les guérilleros sont démobilisés. Finie la fraternité des luttes révolutionnaires; chacun désormais veut mener seul sa « petite guerre ».
Cette situation – qui n’est pas que jamaïcaine – les journalistes ou les essayistes l’ont souvent décrite et analysée. Parce qu’il est romancier Naipaul nous la fait vivre. Il ne la décrit pas mais la donne à imaginer, à travers les sentiments et les pensées, les propos et les comportements de quelques personnages qui s’imposent au lecteur par leur authenticité brutale et l’intensité de leur présence. Comme sont aussi intensément présents la ville, ses faubourgs misérables et son quartier résidentiel, le paysage tropical qui l’environne, les plantations, la brousse, la chaleur lourde et moite, l’éclat des feux qu’allume l’émeute et le flamboiement insolite des bougainvillées dans le jardin dévasté de ce Jimmy Ahmed qui, après une scène érotique d’une surprenante violence, va permettre l’accomplissement d’un meurtre sauvage et presque rituel.
Naipaul met en scène, avec un magnifique talent, ces personnages dont il a partagé tous les espoirs et toutes les désillusions. Et si l’Angleterre le reconnaît maintenant pour l’un de ses meilleurs romanciers c’est qu’il a su évoquer pour elle, ainsi qu’il le fait magistralement dans Guérilleros, un monde à la fois exotique et proche qui, jusque sur son sol, la hante et l’interroge, comme par-delà la situation concrète et le drame qui nous sont ici rapportés, il interroge et hante la conscience contemporaine.

Auteur :

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Chaganas, Trinidad , le 17/08/1932
Mort(e) à : Londres , le 11/08/2018
Biographie :

Vidiadhar Surajprasad Naipaul, plus connu sous la signature V. S. Naipaul, est un écrivain britannique.

Il est né dans une famille de descendants d’immigrants originaires du nord de l’Inde. Son grand-père était coupeur de canne, son père journaliste et écrivain. Il part à l’âge de 18 ans pour Oxford pour suivre des études littéraires. Naturalisé en Angleterre en 1952, il obtient l’année suivante une licence de lettres au University College d’Oxford puis devient journaliste, collaborant avec plusieurs magazines. Il se consacre ensuite à l’écriture de romans et de nouvelles, mais publie aussi des récits documentaires.

L’action de ses premiers romans se déroule dans un cadre antillais. Quelques années après la parution de son premier roman “Le Masseur mystique” (“The Mystic Masseur”, 1957), Naipaul publie une œuvre considérée par de nombreux critiques comme l’une de ses meilleures : le roman biographique “Une maison pour Monsieur Biswas” (“A House for Mr. Biswas”, 1961) où le protagoniste emprunte les traits du père de l’écrivain.

Après l’énorme succès d'”Une maison pour Monsieur Biswas”, Naipaul étend les perspectives géographiques et sociales de son activité littéraire. Il traite avec un pessimisme grandissant les effets pervers du colonialisme et du nouveau nationalisme dans le Tiers-Monde, dans, par exemple, “Guérilleros” (“Guerillas”, 1975) et “À la courbe du fleuve” (“A Bend in the River”, 1979).

L’auteur relate ses impressions de voyage en Inde dans “L’Inde: un million de révoltes” (“India : A Million Mutinies Now”, 1990) et livre une analyse critique de l’intégrisme musulman dans les pays non arabes tels que l’Indonésie, l’Iran, la Malaisie et le Pakistan avec “Crépuscule sur l’Islam” (“Among the Believers”, 1981) puis “Jusqu’au bout de la foi” (“Beyond Belief”, 1998).
Son roman “L’Énigme de l’arrivée” (“The Enigma of Arrival”, 1987) et son recueil de nouvelles “Un chemin dans le monde” (“A Way in the World”, 1994) sont largement autobiographiques.

Naipaul a reçu plusieurs prix littéraires, dont le Hawthornden Prize en 1964, le Booker Prize en 1971 pour “Dis-moi qui tuer” (“In a Free State”, 1971) et le T.S. Eliot Award for Creative Writing en 1986. Il fut anobli par la reine Élisabeth en 1990.
Il a obtenu en 2001 le prix Nobel de littérature, “pour avoir mêlé narration perceptive et observation incorruptible dans des œuvres qui nous condamnent à voir la présence de l’histoire refoulée”.