Que signifie aujourd’hui initier à la musique, la faire rencontrer, la faire pratiquer ? Alors que nous vivons un temps où la musique est devenue plus objet que mode d’expression, alors que nous sommes à l’écoute de la planète entière, alors que l’on s’interroge avec un intérêt croissant sur le langage et plus largement sur la communication, peut-on continuer d’enseigner la musique en se fondant sur l’exégèse et la pratique d’une seule musique, celle du passé européen ? Cette question en implique d’autres, préalables. Qu’est le phénomène musical ? Que sont ses composantes : rythme, mélodie, harmonie ? Quels sont ses liens avec le langage articulé ? Quelles sont ses spécificités ? Quels sont habituellement ses modes d’articulation ? En se fondant sur cette analyse préalable, Guy Maneveau propose des principes pédagogiques généraux afin de tout mettre en oeuvre pour que l’acte musical créateur ne soit plus perçu comme le privilège de quelques très rares individus hors du commun, pour que cet acte soit recherché par le plus grand nombre comme un geste possible du dépassement de soi et du quotidien le plus banal. Car tout cela est possible, soit en utilisant certaines techniques nouvelles à la portée de tous désormais, soit en les combinant à l’héritage pris dans une perspective nouvelle, non culturelle. Ainsi, la pédagogie de la musique pourra redonner au besoin ludique des satisfactions non teintées d’humiliation. Redevenue pédagogie de l’invention de soi, elle pourra alors éventuellement participer à la transformation d’un appareil éducatif général qui, jusqu’à maintenant, l’enferme dans des systèmes lui enlevant son véritable sens.